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Sauvons l'Europe - SciencesPo.
30 janvier 2006

L'enrichissement européen

En référence à la contribution d'Antoine sur le « modèle social européen » et celle d'Arnaud sur le futur de l’UE en général, j’aimerais développer d’avantage l’idée d’« enrichissement européen ». Et ceci sur deux aspects - premièrement l’idée des dialogues sociaux et associatifs européens et deuxièmement l’enrichissement européen par l’éducation, notamment la formation et l’enseignement supérieur.

Arnaud argumente qu’il n’y a plus de nécessité explicite de l’avancement de l’intégration de l’UE (par opposition au contrat implicite du « pas-à-pas »). Cette analyse correcte mène à la conclusion que les citoyens doivent être convaincus de la contribution positive de l’UE à leur vie. Ceci prohibe en première ligne que les gouvernements nationaux utilisent l’UE comme bouc émissaire de leurs politiques nationales peu populaires. Mais, et c’est tout aussi important, ceci implique aussi que les citoyens européens se réapproprient l’Union Européenne. Un effort actif de la part des citoyens européens est donc nécessaire. Ils et elles doivent aller découvrir et s’enrichir des possibilités qu’offre l’UE. Pas plus que les gouvernements ne doivent utiliser l’UE comme bouc émissaire, les citoyens européens ne doivent utiliser leurs gouvernements comme boucs émissaires de leur méconnaissance de l’UE et de leur mécontentement envers l’UE.

Antoine avance qu’ « un » modèle social européen n’existe pas en tant que tel, mais qu’il faudrait plutôt soutenir l’idée que tous les pays européens s’inspirent de ce qui fonctionne bien dans d’autres pays européens – ce qui nécessite avant tout l’acceptation que d’autres pays, d’autres gouvernements (peut être même de droite ?) ont de bons ou même de meilleurs concepts… Cette idée d’inspiration mutuelle est forte, mais reste jusqu’à présent souvent floue. Des dialogues sociaux et associatifs européens – secteur par secteur ou a long terme aussi trans-secteurs - soutenus et organisés par la Commission, le Parlement Européen et les Parlements nationaux représenteraient une option. Des groupes, associations, ONG – dont celles qui ont des objectifs très locaux - devraient se mettre en contact avec leurs équivalents dans d’autres pays européens et échanger expériences, stratégies, possibilités. Ils devraient aussi échanger sur les possibilités que les lois et la jurisprudence européennes offrent déjà dans un domaine précis. Ceci serait une voie de découvrir d’une manière très concrète ce qu’offre la diversité européenne. De plus, de tels dialogues devraient appeler le soutien de personnalités connues de chaque pays - finalement demander l’implication des « stars » dans la vie européenne – qui profitent tellement de ce marché culturel européen…. Ces dialogues devraient aussi demander quelles politiques européennes pourraient améliorer ou faciliter leurs causes, quelles réformes institutionnelles seraient nécessaires pour y parvenir.

Deuxièmement, l’éducation et la formation. L’objectif de Lisbonne de l’économie de connaissance n’est pas obsolète.  Même si les politiques proposées par Lisbonne n’ont jusqu’à présent pas encore délivré les résultats souhaités, les objectifs de Lisbonne restent néanmoins valides. L’Europe n’avancerait pas économiquement et donc socialement sans investir d’avantage dans la connaissance et dans les capacités de ses citoyens. Et avancerait d’autant moins si elle ne réalise pas les avantages énormes que représente une main d’œuvre capable d’œuvrer dans des contextes culturels différents. Mais pour bénéficier de cet avantage, l’UE doit investir davantage dans l’échange dans le domaine de la formation – ceci n’exclut évidemment  pas la nécessité d’un investissement accru dans l’enseignement supérieur (pour ceci, lire l'article de Sylvain Kahn dans Libération du 24 janvier 2006). Et non seulement un échange, mais un échange accompagné d’une formation permettant aux participants d’apprendre à utiliser cette diversité dans leur travail et dans leur pays et à en bénéficier. Il faut reconstruire ce qui représentait dans les années 60-70 les échanges des communes, des écoles – un échange à des niveaux moins abstraits.

Franziska BRANTNER

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Commentaires
D
L'idée de partir du haut pour former les européens de demain depuis l'université me parâit une idée interessant mais toutefois contestable. <br /> <br /> Je trouve la proposition de Geremek particulièrement intelligente mais elle néglige une part du problème.<br /> <br /> L'université est un haut lieu de murrissement de la pensée intelectuelle, certes. Cependant, les européens expriment des réticences à la création d'une Europe politique par le haut. Ce n'est pas tant que celle-ci soit à bannir, c'est quelle doit être couplée à une politique d'éducation et de formation par le bas. Pourquoi ne pas créer des collèges européens stricto sensu en plus d'universités? <br /> <br /> Dans un premier temps, placer ceux-ci aux frontières afin de faciliter les jumelages et les échanges entre pays. Dans un second temps, créer au niveau européen une véritable commission éducative décentralisée qui s'occuperait de planifier et de placer ces collèges dans les différents états membres dans le cadre d'une coopération renforcée. Le mélange culturel produit par des élèves de différents pays ainsi que l'ajout d'une matière européenne serait un bon moyen de débuter dans la comprhéension de l'Europe pour les plus jeunes. Cette matière pourrait comporter une heure d'échange entre élèves et professeur sur des questions européennes simples, le débat permet la confrontation des opinions et des pensées aussi simples soient-elles et il permet à ce qu'un consensus autorégulé émerge du bas par les citoyens les plus jeunes eux-mêmes. Une deuxième pourrait être consacré au choix des élèves à l'Histoire de l'UE ou àl'étude du milieu professionnel d'un pays étranger dans le cadre européen.<br /> <br /> Je pense qu'il faut penser aussi la construction européenne par le bas et ne pas rester dans cette vision franco-française qui considère que toutes les innovations en matière d'éducation parte du haut, c'est à dire de l'enseignement supérieur.<br /> <br /> Diego Melchior
A
Le commentaire précédent et l'article de Sylvain Kahn précité font référence à la proposition émise notamment par Bronislaw Geremek de créer une université européenne d'excellence à Strasbourg qui "coifferait" un réseau d'universités européennes. Bref, un système européen d'enseignement supérieur "indépendant par rapport au support national".<br /> <br /> Cf. l'article : http://www.fondapol.org/presse-tribunes-universite-europe.jsp<br /> <br /> Et une défense de cette proposition sur le site d'Initiative Européenne et Sociale : http://initiativeeuropeenneetsociale.over-blog.com/article-1739820.html
C
Université de l'Europe<br /> Je me permets de réagir ici au commentaire posté sur le blog de l'Initiative Européenne et Sociale. Tu y mettais l'article de Sylvain Kahn en lien.<br /> <br /> Attaquer la proposition de Geremek parce qu'elle serait le relai de celle de la fondation pour l'innovation politique ne sert à rien. Nous avons aujourd'hui dramatiquement besoin de parler du fond, pas des étiquettes!<br /> <br /> Où est le problème de l'élitisme? Nos élites partent étudier aux USA. Essayons de les garder, mutualisons nos ressources (cf réussites de la GB et des scandinaves, progression de l'Allemagne) à cette fin.<br /> Le contenu des programmes et la mobilité étudiante sont encore déterminés par des accords bilatéraux (entre Etats et entre Universités). Quelle perte d'énergie et de moyens, quelle difficulté d'obtenir des infos dans l'enchevêtrement de ces accords! <br /> Structurer un peu tout ça, et généraliser la mobilité (Erasmus ne concerne que 7% des étudiants européens...et pas toujours ceux qui en ont le + besoin...), c'est important.<br /> <br /> Un "plan Marschall" améliorerait certes les choses. Mais il ne résoudrerait pas le problème de cette non-organisation du système. Comme pour les pôles de compétitivité, comme pour la majorité des actions de l'Etat français, il faut MUTUALISER et CONCENTRER les moyens.<br /> <br /> La dimension européenne est encore aujourd'hui quasi-absente des programmes français (dans les études de droit en tous cas), alors qu'elle fait désormais partie intégrante du droit national! Faisons en sorte qu'elle fasse partie du socle commun de connaissances. Et organisons de manière pyramidale le système.<br /> <br /> Sciences Po est une exception. Oui, beaucoup d'initiatives à dimension européenne y existent. Est-ce une raison pour considérer qu'il ne s'agit-là que d'un problème de moyens?<br /> <br /> La question de l'indépendance de l'évaluation n'est pas un argument. C'est un problème de mise en oeuvre, qui doit être traité de manière à ce que l'indépendance soit effectivement garantie. Où est l'impossibilité? <br /> <br /> Sylvain Kahn rappelle que la recherche est le troisième poste budgétaire de l'UE. Qu'il relate le % du PIB européen consacré à cette politique, qu'il l'exprime aussi en % du budget européen (les politiques internes, qui comprennent la recherche mais pas seulement, ne représentent que 7,7 % du budget communautaire!), et son argument perd toute sa valeur.<br /> <br /> Organiser et structurer le système dans la recherche de l'excellence, pour éviter la dispersion des actions est une étape nécessaire,préalable à la question des moyens. Il faut pouvoir clairement identifier les dépenses et les ressources, que les contributeurs puissent vérifier à quoi leur argent est affecté. Si les dépenses sont productives, ils donneront plus.<br /> <br /> Vouloir favoriser une élite européenne non technocrate, c'est agir pour la méritocratie. Que les échanges ne soient pas réservés aux bien informés ou issus de grandes écoles, c'est de la justice sociale.<br /> <br /> Lorsque j'étais à Sciences Po, j'ai pu bouger en Europe. Lorsque j'étais à la Sorbonne, je n'ai pas pu bénéficier d'Erasmus car je suivais un cursus "bâtard" droit-science politique; tout le monde se renvoyait la balle. Si le système avait été bien structuré, s'il n'avait pas reposé sur des accords bilatéraux, on y aurait vu plus clair; j'aurais pu m'adresser à l'instance dirigeant la mobilité au niveau européen, et pas à une administration universitaire française inorganisée et ne voulant pas comprendre la spécificité de ma situation.<br /> <br /> Il faut que la mobilité profite à tous, et que l'Europe irrigue les programmes. La France et l'Europe sont désormais imbriqués, montrons-le concrètement!<br /> <br /> Pour être performant, tout système doit avoir un pilote...
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