L'enrichissement européen
En référence à la contribution d'Antoine sur le « modèle social européen » et celle d'Arnaud sur le futur de l’UE en général, j’aimerais développer d’avantage l’idée d’« enrichissement européen ». Et ceci sur deux aspects - premièrement l’idée des dialogues sociaux et associatifs européens et deuxièmement l’enrichissement européen par l’éducation, notamment la formation et l’enseignement supérieur.
Arnaud argumente qu’il n’y a plus de nécessité explicite de l’avancement de l’intégration de l’UE (par opposition au contrat implicite du « pas-à-pas »). Cette analyse correcte mène à la conclusion que les citoyens doivent être convaincus de la contribution positive de l’UE à leur vie. Ceci prohibe en première ligne que les gouvernements nationaux utilisent l’UE comme bouc émissaire de leurs politiques nationales peu populaires. Mais, et c’est tout aussi important, ceci implique aussi que les citoyens européens se réapproprient l’Union Européenne. Un effort actif de la part des citoyens européens est donc nécessaire. Ils et elles doivent aller découvrir et s’enrichir des possibilités qu’offre l’UE. Pas plus que les gouvernements ne doivent utiliser l’UE comme bouc émissaire, les citoyens européens ne doivent utiliser leurs gouvernements comme boucs émissaires de leur méconnaissance de l’UE et de leur mécontentement envers l’UE.
Antoine avance qu’ « un » modèle social européen n’existe pas en tant que tel, mais qu’il faudrait plutôt soutenir l’idée que tous les pays européens s’inspirent de ce qui fonctionne bien dans d’autres pays européens – ce qui nécessite avant tout l’acceptation que d’autres pays, d’autres gouvernements (peut être même de droite ?) ont de bons ou même de meilleurs concepts… Cette idée d’inspiration mutuelle est forte, mais reste jusqu’à présent souvent floue. Des dialogues sociaux et associatifs européens – secteur par secteur ou a long terme aussi trans-secteurs - soutenus et organisés par la Commission, le Parlement Européen et les Parlements nationaux représenteraient une option. Des groupes, associations, ONG – dont celles qui ont des objectifs très locaux - devraient se mettre en contact avec leurs équivalents dans d’autres pays européens et échanger expériences, stratégies, possibilités. Ils devraient aussi échanger sur les possibilités que les lois et la jurisprudence européennes offrent déjà dans un domaine précis. Ceci serait une voie de découvrir d’une manière très concrète ce qu’offre la diversité européenne. De plus, de tels dialogues devraient appeler le soutien de personnalités connues de chaque pays - finalement demander l’implication des « stars » dans la vie européenne – qui profitent tellement de ce marché culturel européen…. Ces dialogues devraient aussi demander quelles politiques européennes pourraient améliorer ou faciliter leurs causes, quelles réformes institutionnelles seraient nécessaires pour y parvenir.
Deuxièmement, l’éducation et la formation. L’objectif de Lisbonne de l’économie de connaissance n’est pas obsolète. Même si les politiques proposées par Lisbonne n’ont jusqu’à présent pas encore délivré les résultats souhaités, les objectifs de Lisbonne restent néanmoins valides. L’Europe n’avancerait pas économiquement et donc socialement sans investir d’avantage dans la connaissance et dans les capacités de ses citoyens. Et avancerait d’autant moins si elle ne réalise pas les avantages énormes que représente une main d’œuvre capable d’œuvrer dans des contextes culturels différents. Mais pour bénéficier de cet avantage, l’UE doit investir davantage dans l’échange dans le domaine de la formation – ceci n’exclut évidemment pas la nécessité d’un investissement accru dans l’enseignement supérieur (pour ceci, lire l'article de Sylvain Kahn dans Libération du 24 janvier 2006). Et non seulement un échange, mais un échange accompagné d’une formation permettant aux participants d’apprendre à utiliser cette diversité dans leur travail et dans leur pays et à en bénéficier. Il faut reconstruire ce qui représentait dans les années 60-70 les échanges des communes, des écoles – un échange à des niveaux moins abstraits.
Franziska BRANTNER